Friday, February 10, 2012

Femmes, enfants et violences électorales au Sénégal

Déclaration du Groupe d’Initiative des Femmes - GIF

Mesdames, Messieurs,

La tension installée un peu partout ces derniers jours avec son cortège lexical : chaos, dérive, mort, meurtre, menace, bataille, lutte, combat, martyr…, ne rassure pas en cette période de campagne électorale.

Les pertes en vies humaines, le sang qui a coulé dans beaucoup d’endroit, les cris et les sanglots qui les ont accompagnés.

NON, les populations ne sont pas du tout rassurées et particulièrement les femmes et les enfants.

Vous savez,
En période de crise, à mesure que l’instabilité s’installe, l’insécurité alimentaire, sanitaire, économique et physique des femmes augmente. La situation d’insécurité est un grand frein au rendement optimal des femmes, leur occasionnant des coûts d’opportunités énormes. Le droit des femmes à la sécurité, à la mobilité, à la liberté, est particulièrement piétiné.

Les femmes sont fortement et davantage affectées par les situations de violence et d’insécurité qui continuent même après le conflit.

Un pays à feu et à sang n’arrange personne, mais surtout les femmes et les enfants.
52% de la population
53% de l’électorat
70% de la main – d’œuvre agricole
Epouse, mère, sœur, fille, gardienne des valeurs communautaires, actrice à part entière du développement,
Les femmes ne veulent et n’accepteront pas cela.

Nous les organisations féminines et de la société civile membres du GIF et travaillant sur les questions de pauvreté, de développement et de justice sociale, sommes préoccupées par les dérives sur tous les plans et disons non à toute forme de violence, quel qu’en soit l’auteur et de quelque camp que cela provienne.

Une culture de la violence que nous n’avons jamais connue, est entrain d’aménager de plus en plus confortablement son lit de haine, de meurtre, de blessures, de coups, d’acidité verbale.

Un pays détruit par la violence où femmes et enfants auront davantage de difficultés à accéder aux services sociaux de base, à l’éducation, à la santé, à la formation des jeunes, hypothéquant du coup l’atteinte des OMD 2, 4, 5 que sont Assurer l’éducation primaire pour tous, Réduire la mortalité des enfants, Améliorer la santé maternelle.
Non, les femmes ne veulent et n’accepteront pas cela !
Un pays dans le chaos, installant le règne de la peur, de la terreur, de la menace, de l’intimidation, de l’insécurité, de la violation des droits humains, du déni de la bonne gouvernance, secouant du coup les fondements de la protection sociale
Un pays à feu et à sang où on aura encore plus de difficulté à appliquer les avancées acquises de haute lutte pour la défense de la cause des femmes et matérialisées par la ratification de la CEDEF devenue une Convention constitutionnelle, du Protocole de Maputo et de son protocole optionnel, par l’adhésion à la Déclaration solennelle des chefs d’Etat de l’Union africaine sur l’égalité H/F, par l’adoption récemment de la loi sur la parité.
Un pays en secousse et dont l’une des conséquences et pas des moindres sera l’entrave à l‘autonomisation des femmes condition essentielle à la réalisation de l’OMD3 portant sur la Promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, au moment où il n’est plus à discuter l’intérêt d’une mise en application effective de la transversalité du genre pour un développement humain et durable.

Non. Les femmes ne veulent et n’accepteront pas cela.

Un pays dans la violence où les femmes seront obligées de suspendre leurs activités pour soigner des blessés, accompagner des malades, dispenser des soins, panser des blessures physiques et morales, réduire des meurtrissures.

Un pays dans la terreur où les efforts des femmes seront mobilisés dans la recherche de mécanismes de survie pour nourrir la famille, dans le raccommodage d’économies de bouts de chandelle pour faire face aux charges familiales déjà très lourdes.

Les femmes ne veulent pas de cette image.
Mesdames, Messieurs, Acteurs politiques,
C’est un déni moral que de choisir de se coucher aux flancs de la violence, de l’insécurité, de la peur, de la terreur, et espérer jouir des relents d’un quelconque pouvoir. Ce prix fort d’écrire l’histoire n’honore personne et c’est un modèle dégoûtant à servir aux générations futures.

Dans ce Sénégal qui nous appartient à tous et à toutes, où tout le monde se connaît, où chacun est parent de chacun, où quand le voisin est enrhumé la communauté tousse, où les différends ont toujours pris le parti de se régler par le dialogue, la concertation, la solidarité, la parenté à plaisanterie, les mots violence, insécurité, chaos, sang, menace, peur, guet – apens, frappe, insulte, injure, offense, n’ont pas leur raison d’être.

La course folle à un pouvoir dont on aura après du mal à profiter, une course non balisée par la dignité, la civilité, le savoir – être, le savoir – vivre, la mesure du qu’en dira – t – on quand l’histoire se racontera jusqu’au fond des chaumières, cette course endiablée ne doit pas être encouragée. Il n’y aura pas de vainqueur.
Les femmes veulent la paix, rien que la paix, la paix seulement. Et le train satanique qui a aujourd’hui pris le départ, n’arrivera pas à l’heure car il se heurtera aux barrières érigées par les femmes qui ne réclament que quiétude, sérénité, sécurité des biens et des personnes, paix tout simplement.

Le Groupe d’Initiative des Femmes - GIF


Source :
Déclaration publiée par le Groupe d’Initiative des Femmes - GIF, lors du point de presse organisé le 07 février 2012 à la Salle Alioune DIOP du CICES de Dakar.
Courrier électronique reçu le jeudi 09 février 2012 de notre consœur de la Promotion et de la Protection des Droits de l’Homme, Mme Lamotte Mbeinda DIOP, Présidente du Collectif Sénégalais des Africaines pour la Promotion de l’Éducation Relative à l’Environnement COSAPERE / Dakar – Sénégal, Email : cosapere@live.fr

Babacar NDIAYE / Consultant Approche Intégrée Droits de l’Homme (AIDH)-
E-mail: worldleadership_2000@yahoo.fr

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